Théâtre - On ne paie pas ! On ne paie pas ! De Dario Fo est Franca Rame TITLE : On ne paie pas ! On ne paie pas !

On ne paie pas ! On ne paie pas !
Texte : Dario Fo & Franca Rame

Mise en scène : Bernard Lévy

Des gens en colère devant la flambée des prix et qui décident de prendre les choses en mai. 1974. Sur fond de luttes ouvrières à Milan, Dario Fo et Franca Rame en font le sujet principal de leur pièce “On ne paie pas ! On ne paie pas” . Un titre qui ressemble à un vrai slogan politique…La pièce est reprise en 2008 au moment de la crise des subprimes…Plus de dix ans après, la crise est toujours d’actualité. Une farce jubilatoire à la mécanique burlesque… Six comédiens dans une mise en scène très enlevée de Bernard Lévy…  
Théâtre - On ne paie pas ! On ne paie pas ! De Dario Fo est Franca Rame TITLE : On ne paie pas ! On ne paie pas !
Photos © Pascale Cholette

“Sous-payés, on ne paie pas !”

La crise financière grandit … Faire les courses devient un vrai problème pour tous les gens des quartiers populaires. Difficile de payer le juste prix ?…Pas compliqué ont décidé les clients…Puisque les usines sont déplacées en Roumanie, que les plus riches continuent à gagner de plus en plus d’argent, il n’est plus question de payer les marchandises avec l’argent gagné sur les plus pauvres et exploités par un système voleur. On ne paie pas devient le slogan du quartier où vivent avec leur mari Antonia et Margharita. Antonia refuse de passer à la caisse du supermarché. Elle rafle tout ce qui passe, du millet pour canaris à la pâtée pour chiens. Et Giovanni, le mari d’Antonia, très engagé politiquement ne doit surtout rien en savoir.…“Nous sommes sous-payés, donc nous ne paierons pas ! Et ça, c’est pour tout l’argent que vous nous avez volé depuis des années et des années sur tout ce qu’on achète !” Mais où cacher le butin ? La course poursuite s’engage alors avec les gendarmes…Les aventures ne font que commencer…Mais même les policiers, ces “valets du pouvoir” peuvent aussi surprendre et prendre le parti des révoltés du quartier !… D’abord écrite en 1974 par Dario Fo et Franca Rame, sur fond de luttes ouvrières à Milan, cette satire politique a été réécrite en 2008 au moment de la crise des subprimes. Même si l’écriture des deux écrivains semble encore ancrée dans un comique qui nous rappelle les années 70, basée sur la critique acerbe de la société de consommation, la pièce reste d’une actualité déconcertante et englobe aussi notre époque toujours plus inventive dans ce domaine !…

Une farce à la mécanique burlesque…

La particularité du théâtre de Dario Fo est de pousser la mécanique comique vers un absurde qui critique, en premier lieu, la société italienne, mais aussi de façon plus large les sociétés occidentales dans leur ensemble. Et cette pièce n’échappe pas à cette tendance. On y retrouve les effets comiques de la comedia dell’arte, mais aussi l’influence des comédies cinématographiques italiennes, de Dino Risi à Roberto Benigni en passant par le burlesque des comédies de Charlie Chaplin et de Laurel et Hardy. Ici, sous la direction de Bernard Lévy, le jeu des acteurs est d’une précision qui s’appuie avant tout sur un texte qui crée un comique de situation qui ne se dément pas et surprend à chaque instant.
“Les situations se déroulent les unes après les autres en cherchant à conserver un équilibre continu entre la terrible précision comique du texte (dans son rythme et sa construction) et son outrance libératrice”, précise le metteur en scène.
De fait, certaines exagérations dans le jeu mettent en valeur les dysfonctionnements de nos sociétés occidentales et de nos comportements sociaux. Une plus grande liberté naît encore de la scénographie ingénieuse et sans démonstration de Damien Caille-Perret qui met en scène dans sa proposition de décor le déséquilibre social. Les murs et les meubles à l’intérieur de l’appartement, sont en équilibre instable et semblent prêts à basculer, comme hantés par des présences invisibles. L’incongruité du bureau de Giovanni, situé dans un placard dans lequel sera enfermé un cercueil ajoute à l’étrangeté des situations.

Théâtre - On ne paie pas ! On ne paie pas ! De Dario Fo est Franca Rame TITLE : On ne paie pas ! On ne paie pas !
Photos © Pascale Cholette

Le théâtre de Dario Fo : une machine de guerre

Le théâtre de Dario Fo s’appuie souvent sur des situations réalistes, mais la plupart de ses pièces mettent en valeur des situations archétypales qui s’appuient non sur la démonstration réaliste du contexte italien et politique, mais sur la mise en valeur du rapport de l’homme avec le pouvoir et lui-même. Ici comme dans d’autres pièces des mêmes auteurs, la comédie devient une véritable “ machine de guerre” qui s’appuie sur la précision du texte et accompagnée par le jeu des acteurs. L’exagération des situations ou des mouvements scéniques, met en place une mécanique théâtrale à la drôlerie surprenante et unique qui, déroulant la fable sur des chemins imprévus, la conduit vers une absurdité de plus en plus inattendue. “ [Je souhaite], nous propose Bernard Lévy, envisager le rire comme une façon de renvoyer chacun d’entre nous à lui-même, à ses doutes, ses faiblesses, ses manquements, comme à ses élans, ses utopies et ses engagements”.
Pari gagné. Le théâtre de Dario Fo et Franca Rame, faisant désormais partie des classiques, est toujours d’actualité. Il continue à créer des chemins particuliers au comique et à la réflexion. La mise en scène généreuse de Bernard Lévy révèle la poésie d’un texte au comique inattendu. La pièce ancrée dans le réel s’ouvre à travers le burlesque des situations, le jeu loufoque et solidaire des comédiens vers une liberté de plus en plus grande. Les rires des spectateurs du début à la fin, dans une salle pleine à craquer, en ont été la preuve tangible.

Théâtre - On ne paie pas ! On ne paie pas ! De Dario Fo est Franca Rame TITLE : On ne paie pas ! On ne paie pas !
Photos © Pascale Cholette



On ne paie pas ! On ne paie pas !

Texte : Dario Fo & Franca Rame

Mise en scène: Bernard Levy

Traduction, Adaptation : Toni Cecchinato, Nicole Colchat
Editions L’Arche


Avec : Flore Babled, Elie Chapus, Eddie Chignara, Grégoire Lagrange, Jean-Philippe Salério Anne-Élodie Sorlin

  • Collaboration artistique : Jean-Luc Vincent
  • Scénographie : Damien Caille-Perret
  • Lumières : Christian Pinaud
  • Son : Jean de Almeida
  • Costumes : Claudia Jenatsch
  • Maquillage : Catherine Saint-Sever
  • Accessoires : Roberta Chiarito
  • Régie générale : Thierry Lacroix
  • Construction décor : Atelier MC2: Grenoble

Durée estimée : Environ 2 h 05


Du 3 Au 18 Mars 2023
Du mardi au samedi : 20 h – Dimanche: 16 h

Théâtre de la Tempête / Salle Serreau – Cartoucherie -75 012 Paris

Retour en haut
Tweetez
Partagez