L’œil de la souris
Ariane Mnouchkine fonde le Théâtre du Soleil en 1964 avec ses compagnons de l’ATEP (Association Théâtrale des Etudiants de Paris). En 1970, le Théâtre du Soleil crée 1789 au Piccolo Teatro de Milan, où Georgio Strehler accueille et soutient avec confiance la jeune troupe, qui s’installe ensuite à la Cartoucherie, ancien site militaire à l’abandon et isolé dans le bois de Vincennes, aux portes de Paris.
Le Théâtre du Soleil et la Cartoucherie
Le Théâtre du Soleil conçoit d’emblée la Cartoucherie comme un lieu qui lui permet de sortir du théâtre comme institution architecturale, prenant le parti de l’abri plutôt que celui de l’édifice théâtral, à une époque où les transformations urbaines en France bouleversent profondément la place de l’humain dans la ville et la position du théâtre dans la Cité. Le Théâtre du Soleil trouve, dans la Cartoucherie, l’outil concret de création du théâtre à la fois élitiste et populaire dont rêvait Jean Vilar. Le but étant, dès cette époque qui précède 1968, d’établir de nouveaux rapports avec le public et de se distinguer du théâtre bourgeois pour faire un théâtre populaire de qualité.
La troupe devient ainsi, dès les années 1970, une des troupes majeures en France, tant par le nombre d’artistes qu’elle abrite (plus de 70 personnes à l’année) que par son rayonnement national et international. Attachée à la notion de « troupe de théâtre », Ariane Mnouchkine fonde l’éthique du groupe sur des règles élémentaires : tout corps de métier confondu, chacun reçoit le même salaire et l’ensemble de la troupe est impliquée dans le fonctionnement du théâtre au quotidien, et lors de l’accueil du public pour les représentations.
Un parcours de 58 ans
L’aventure du Théâtre du Soleil se construit depuis plus de 58 ans grâce à la fidélité et à l’affection d’un public nombreux tant en France qu’à l’étranger. Son parcours est marqué par une interrogation constante sur le rôle, la place du théâtre et sa capacité à représenter l’époque actuelle. Cet engagement à traiter des grandes questions politiques et humaines, sous un angle universel, se mêle à la recherche de grandes formes de récits, à la confluence des arts de l’Orient et de l’Occident.
Utagawa Kuniyoshi, Nichiren en exil sur l’île de Sado, 1835-1836. L’île de Sado au Japon a été le lieu qui a inspiré le spectacle de “L’Île d’or”
En Images : L’Île d’or/ Création Collective du Théâtre du Soleil- 2021
La Souris toujours aussi curieuse s’est cachée derrière Michèle Laurent, la photographe du spectacle “L’Île d’or” mis en scène par Ariane Mnouchkine, dans une création collective du Théâtre du Soleil.