Théâtre - Biques De :Gabrielle Chalmont-Cavache / Marie-Pierre Nalbandian

Biques
Texte : Gabrielle Chalmont-Cavache / Marie-Pierre Nalbandian

Mise en scène : Gabrielle Chalmont-Cavache

La Compagnie des Mille Printemps s’inscrit dans un engagement militant qui n’oublie pas l’humour puisque leurs trois premiers spectacles sont des comédies. Le premier “Mon Olympe”, était fondé sur les féminismes contemporains. “Yourte”, le spectacle suivant s’engageait autour de la transition écologique et les initiatives collectives. Celui-ci s’intitule “Biques”. Neuf comédiennes sur le plateau, neuf biques entre 18 et 60 ans qui se rencontrent dans la salle commune d’une maison de retraite…   

Théâtre - Biques De :Gabrielle Chalmont-Cavache / Marie-Pierre Nalbandian
Photos © Simon Gosselin

Bienvenue aux Magnolias !

Dès l’entrée dans la salle de théâtre, elles nous accueillent, nous saluent et nous invitent à nous mettre à l’aise car, précisent-elles, nous sommes attendus pour la fête qui va se dérouler aux Magnolias, la maison de retraite où elles travaillent. Nous sommes le 7 février 2025 et c’est la Ste Eugénie précise le calendrier projeté sur l’écran du téléviseur. Elles nous demandent de faire silence, elles se cachent, puis sortent en applaudissant Catherine qui vient d’arriver. Celle-ci est un “pilier des Magnolias” et prend sa retraite après quarante ans de bons et loyaux services. Cris, applaudissements du public. Surprise de Catherine qui ne s’attendait pas à nous voir là et invités à la fête ! Ce moment de festivité est évidemment une parenthèse dans le train-train de la maison de retraite. La vie reprend son cours…Neuf femmes se rencontrent, se croisent dans les couloirs ou la salle commune de la maison de retraite. Les unes y travaillent, les autres souvent très âgées y résident… Mais les élections municipales ne sont pas loin et le maire envisage de délocaliser la maison de retraite…Pas question de se laisser faire sans réagir. La résistance s’organise ! Et les résidentes, quel que soit leur âge, sont bien décidées, elles aussi, à donner un coup de main au personnel de leur maison de retraite…Et Violette, la doyenne des résidentes ne sera pas la dernière à s’investir…

Théâtre - Biques De :Gabrielle Chalmont-Cavache / Marie-Pierre Nalbandian
Photos © Simon Gosselin

Questionner l’âgisme

Comment raconter les âges au plateau ? Le travail des deux autrices, Gabrielle Chalmont-Cavache et Marie-Pierre Nalbandian s’est fondé sur une écriture au plateau qui met en scène des femmes âgées et le personnel qui s’en occupe. Face aux réalités de la vie en Ehpad se pose de façon frontale, la question de l’âgisme, ces formes de discrimination et de mépris fondées sur l’âge.
Le point de départ de ce projet est né d’un travail en immersion au sein de l’Ehpad de Montlieu-la-Garde (village d’implantation de la compagnie). Il s’est attaché essentiellement à la parole des femmes. Les résidentes ont livré leurs témoignages et apparaissent, pendant la pièce sur un écran de télévision. Abolissant le temps qui est passé, ces témoignages concrets viennent ancrer dans le réel et d’une façon très émouvante, l’histoire qui va se raconter sur le plateau.
Les comédiennes vieillies se transforment en résidentes des Magnolias. Racontant leurs petites misères ou rouspétant, elles deviennent le contrepoint théâtral et très drôle de la même situation, comme si l’âge pouvait frapper à n’importe quel moment.
Dans la salle commune de l’Ehpad, elles se croisent , se rencontrent, se racontent. La vieillesse et la dépendance sont déjà là pour les unes et conduisent les plus jeunes à s’interroger sur le temps qui passe. Pourtant au-delà du questionnement réel et frontal sur l’âgisme, le spectacle est bourré d’un humour décalé qui ne se relâche jamais.
La mise en scène de Gabrielle Chalmont-Cavache se nourrit de l’expérience du travail préparé en Ehpad et oriente la réflexion de la pièce. “La vieillesse ne m’habite pas encore, souligne-t-elle, mais mon âge m’habille constamment”. La création des différentes activités au sein de l’établissement : la toilette, les repas, les distractions, les révoltes ou les activités qui réunissent résidentes et personnel mettent en place le questionnement qui en surgit : Comment repenser le monde, comprendre la nature, les autres, inclure ceux qui partagent l’espace de la maison de retraite ? Comment grandir sans intergénérationnel ? Neuf vies, neuf fonctions. Mère, fille, aidante, artiste, cheffe certes, mais pour chacune la vieillesse en filigrane ici et maintenant ou demain.

Éternelle jeunesse et future Mamie Nova ?

Comme le souligne un des personnages de la pièce, il est toujours compliqué d’envisager la vieillesse de ses parents avant d’imaginer la sienne en regardant cette grande et longue vie qui nous a précédé. Dans un rythme rapide et soutenu, les Magnolias vibrent. Une mère et une fille entrent. Elles ont rendez-vous avec la directrice, fraîchement arrivée. Elles sont ici pour prendre des renseignements… L’équipe de jour s’active. Une infirmière (soixante-deux ans), une agente de service hospitalier (cinquante-cinq ans), une aide-soignante (vingt-huit ans), une animatrice (vingt-sept ans), et la petite dernière, la stagiaire (dix-sept ans). Parmi toutes les résidentes, il y a celle qui «sort du lot». Violette, la gardienne du temple. Celle que tout le monde aimerait bien devenir en vieillissant. Le temps de la pièce tourne à toute allure, nous faisant passer d’un personnage à l’autre, du temps d’hier à celui d’aujourd’hui…
“Nous ne sommes jamais des âges. Tant que nous serons en vie, nous serons contemporaines. Ce sera toujours « notre temps” est le fil conducteur que trace les deux autrices. Neuf comédiennes, l’histoire de neuf femmes vivantes. Elles se rencontrent un jour, par la force des choses, dans la salle commune et froide d’une maison de retraite (communément appelée EHPAD). Certaines y travaillent, d’autres y vivent, d’autres visitent. Toutes vont choisir de faire vivre cet espace dans lequel elles intègrent ces étrangers représentés par le public. Inclus dans le grand mouvement de cette vie qui ose affirmer dans cet espace l’âge qui ne se dément pas.
Partant de cette “objectivité”, la Compagnie des Mille Printemps finit par étirer la réalité et par nous conduire, dans un spectacle drôle et parfois déjanté, vers la poésie qui déforme le temps pour le rendre vivant. Dans ce spectacle tout en mouvement, se remet en place la tendresse et une folie de l’imaginaire qui n’ont pas d’âge.



Biques

Texte : Gabrielle Chalmont-Cavache / Marie-Pierre Nalbandian

Mise en scène: Gabrielle Chalmont-Cavache

Collaboration à l’écriture : Marina Tomé


Avec Claire Bouanich, Sarah Coulaud, Louise Fafa, Lawa Fauquet, Marie-Pascale Grenier, Carole Leblanc, Maud Martel, Taïdir Ouazine, Jeanne Ruffe Sorlin

  • Conception video : Jonathan Schupak
  • Scénographie : Lise Mazeaud
  • Création musicale : Balthazar Ruff
  • Création lumière : Emma Schler
  • Chorégraphie : Marion Gallet assistée de Louise Fafa
  • Costumes : Sarah Coulaud

Durée estimée : 1h 40


Du 7 Au 24 Mars 2023
Du lundi au vendredi : 20 h – Samedi: 18h

Théâtre 13/ Glacière – 75 013 Paris

TOURNÉE

Mardi 4 avril 2023 à La Ferme Corsange, Bailly-Romainvilliers (77)
Jeudi 6 avril 2023 à l’Atalante, Mitry-Mory (77)
Samedi 10 juin 2023 – Festival Le bruit des Printemps (17)


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