Théâtre - "Un bon petit soldat"Texte & Mise en scène: Mitch Hooper

Un bon petit soldat

Texte & Mise en Scène : Mitch Hooper

Karim nous invite à descendre dans le métro avec lui…Il est plutôt sympa et il partage ses pensées avec nous… Il porte une ceinture explosive pour un attentat…C’est le sujet de ”Un bon petit soldat”.  Un personnage en dialogue avec le public, une pièce pleine de force, écrite et mise en scène par Mitch Hooper.

Comme une balade dans le métro parisien

Théâtre - "Un bon petit soldat"Texte & Mise en scène: Mitch Hooper
Photos © Attilio Marasco

Sa famille est venue du Maghreb, mais Karim est né en France…Métro, ligne 4- Direction Porte de Clignancourt. C’est le 24 décembre et les Parisiens, les bras pleins de cadeaux rentrent chez eux pour fêter Noël. Karim va célébrer Noël à sa façon : dans sept stations il arrivera à Châtelet et il fera exploser la ceinture d’explosifs qu’il porte sous sa doudoune…En simultané d’autres attentats suicides auront lieu, au même moment dans le métro, à Londres et à Bruxelles.
En attendant, Karim regarde autour de lui. Selon son habitude, il est gentil avec les vieilles dames et leur laisse la place. Face à nous il se raconte et nous raconte. L’amour qu’il porte à sa mère, les filles dans le métro qui sont bien jolies et son envie de boire une bière bien fraîche !…Grâce à son frère Khaled, Karim a passé le casting avec succès. Sans être un fan du djihadisme, il a été choisi par Slimane pour faire l’attentat de Paris. Son djihad personnel, c’est l’admiration qu’il porte à son frère Khaled qui aurait dû être footballeur au PSG, mais s’est engagé dans le djihad. Khaled est chargé de l’attentat dans le métro de Bruxelles qui aura lieu à la même heure que celui de Paris… Et puis, même s’il n’aime pas les mesquineries de Slimane qui prétend être le chef, Karim est fier d’être un bon petit soldat !…


Un théâtre qui cherche la vérité…

Sur un plateau totalement vide où règne une lumière un peu grise, Samuel Yagoubi joue le rôle de Karim. Seul sur scène, porté par une ambiance sonore discrète, évoquant le métro, du début à la fin de la pièce, son jeu sans ostentation et tout à fait sincère, nous inclut dans son parcours sur la ligne 4. Dès le début, il nous fait connaître le but de sa présence dans le métro qui le conduira à sa fin prochaine, alors qu’il se sent plein de vie…Sept stations, c’est court ! Pourtant, malgré la ceinture d’explosifs autour de sa taille, Karim comme d’habitude adore le spectacle du métro et nous fait partager avec une forme de naïveté le plaisir qu’il ressent…Il décrit avec précision ce qu’il voit et nous raconte ses difficultés à trouver sa place dans la société française. Mais entraîné par son frère dans le courant djihadiste, il réalise que sa place n’ en est pas plus affirmée. Karim parle tout le temps… Une façon d’éviter de penser que ce plaisir du métro a lieu pour la dernière fois. Le jeu physique de l’acteur qui souligne le mouvement du métro, s’inscrit dans une parole ininterrompue qui devient de plus en plus rapide. La fin inéluctable de toutes les personnes dans le wagon aura lieu à la station suivante…mais rien n’est encore sûr !…

Un théâtre politique sans messages

La pièce de Mitch Hooper est porteuse d’un contenu politique sans messages et sans démonstration. L’acte que va accomplir Karim est issu de l’admiration pour son frère aîné et non d’un engagement politique quelconque.
Ici la réalité de la situation soulève une montagne de questions qui ne proposent pas de solution. En s’attachant à ce personnage naïf et plein d’empathie pour les autres, le questionnement de Karim pousse le spectateur à s’interroger lui-même de façon critique.
Le récit subjectif du personnage laisse entrevoir le côté obscur du sujet de la pièce, crée l’ambivalence, mais aussi un dialogue objectif avec le public. Plutôt que de condamner les conséquences d’un attentat suicide, portée par l’interprétation sensible et la présence de Samuel Yacoubi, la pièce de Mitch Hooper bouleverse les certitudes parfois avec humour et sans tomber dans les poncifs de la question du terrorisme. La mise en scène (également de Mitch Hooper) non démonstrative et d’une sobriété totale souligne la tension qui se dégage de ce récit tout à la fois naïf et poignant.
“Ce n’est pas une faiblesse, c’est une force. [ Ce théâtre ] doit ouvrir les yeux des spectateurs et stimuler leur pensée” précise Mitch Hooper. Le théâtre finit ici par porter un engagement qui dépasse le simple divertissement pour approfondir le sens des messages qu’il peut délivrer.

Théâtre - "Un bon petit soldat" Texte & Mise en scène: Mitch Hooper
Photos © Attilio Marasco



Un bon petit soldat

Texte édité aux Éditions Lansman

Texte & mise en scène : Mitch Hooper
  • Lumières : Lucien Abline
  • Costumes : Philippe Varache
  • Son et musique : Sébastien Gorski

Avec : en alternance : Samuel Yagoubi et Théo Ascolovitch

Durée estimée : 1 h 20


Du 28 Mai 2023 au 20 Juin 2023Les Dimanche, Lundi, Mardi à 19H00

Théâtre Les Déchargeurs – 75 001 Paris

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