Issus des écoles nationales de théâtre, Laureline Le Bris-Cep, Jean-Baptiste Tur, Gabriel Tur créent en 2014, le Collectif Le Grand Cerf Bleu. Comme auteurs, metteurs en scène et comédiens, "loin des carcans formels et générationnels"  ils revisitent les textes du répertoire et les adaptent à notre monde contemporain. Après “Non c’est pas ça” en 2018, ils explorent l’histoire du légendaire Robin des bois sous le titre de “Robins-Expérience Sherwood”. 
Tout un programme  ! 

Robin des Bois, prince de légende

Voler aux riches pour donner aux pauvres ? Vivre une existence retirée du monde, en pleine coeur de la forêt ? Désobéir ou obéir aux lois proposées de façon autoritaire ? Doit- on agir au nom de l’individu ou du collectif ? 

Toujours à la recherche d’une théâtralité plus libre, c’est autour du mythe de Robin des Bois que les trois compères du Grand Cerf Bleu plantent leurs tentes dans la forêt de Sherwood, conservant leur conception d’un travail en trio, où la musique constitue un contrepoint essentiel au texte et à la mise en scène.

Au milieu de ces justiciers du futur que sont Batman, Spiderman et autres Superman, traversant les siècles et les mémoires, Robin des Bois surgit comme une alternative de justice abordable et populaire. Défenseur des pauvres et des opprimés, il revient en  héros de notre époque sous la forme d’une figure tutélaire et révolutionnaire qui nous aiderait à inventer de nouveaux modèles et de nouveaux récits. 

Sherwood , d’hier à aujourd’hui…

Il fait si bon vivre dans cette forêt de Sherwood où règne la bonne humeur, les apéros avec les copains, le partage des richesses et le rétablissement d’une justice sociale à la carte et selon les besoins de chacun !  

La forêt de Sherwood est aussi un terrain de jeu sur mesure où les jeux médiévaux du tir à l’arc ou du combat peuvent voisiner avec les règles des jeux télévisés ou du documentaire en live. 

Pour bien cerner le sujet, on enregistre les témoignages de Marianne, Frère Tuck ou du shérif de Nottingham, mais on donne aussi la parole à des écologistes, des libertaires ou des décroissants, un forestier à la retraite de notre temps. Comme à l’époque de Robin la contestation ou la désobéissance civile sont des voies qui induisent les  changements sociaux, justes et nécessaires.La construction dramaturgique du spectacle oscille entre les récits légendaires et ces tranches de vie contemporaines, pleines d’humour. 

Décalant le regard, réécrivant le mythe tout en remettant en question notre monde d’aujourd’hui, le dialogue s’instaure dans un va et vient entre hier et maintenant,  Sous le désordre apparent, la mise en scène est réglée au cordeau y compris lors des improvisations.

Naissent sous nos yeux des Robins des bois multiples d’hier et d’aujourd’hui qui partagent leur combat non par idéologie, mais autour du hasard des situations. Entraînés dans le tourbillon des questions, les spectateurs deviennent acteurs à leur tour et partent en pérégrination sur les terres de Robin des Bois dans la forêt de Sherwood. 

Portée par l’ensemble des comédiens et des comédiennes, l’énergie chorale du plateau migre vers la salle. La scène et la salle se rejoignent alors autour d’une bière sur le plateau pendant l’entracte. Certains spectateurs peuvent même être initiés au tir à l’arc. Avec les danses et les musiques d’un Moyen-Âge réinventé, usant du décalage, de l’autodérision, de la rupture et de la digression, mêlant le plaisir du chant et du mouvement, le collectif nous entraîne dans une sorte de sarabande joyeuse qui n’est pas sans rappeler le bonheur naïf des fêtes enfantines. Des fêtes où on peut croire que tous les perdants d’aujourd’hui peuvent être les gagnants de demain.