
Martin Eden – D’après Jack London
Écriture du spectacle : Véronique Boutonnet
Mise en scène : Richard Arselin
“Les hommes de lettres sont les géants du monde, je dois écrire, parce que c’est en moi, et je sais ce qui est en moi. Je le sais mieux que personne. Mon désir d’écrire est ma vie même.” Jack London résume ainsi sa position d’écrivain. En écrivant “Martin Eden”, London projette dans le personnage tous ses espoirs, ses désirs et questionne une vie qui aurait pu le condamner à la crasse de sa classe sociale. “Ce gars-là -Martin Eden- je sens qu’il va m’embarquer dans un coin de mon coeur,(…) je sens qu’il va me bouleverser…” constate Véronique Boutonnet en découvrant le livre. Jack London et Véronique Boutonnet qui adapte le roman pour le théâtre, étaient destinés à se rencontrer… Un résultat théâtral plein de vie à l'image du roman de Jack London.
Enfin les mers du Sud…
Le rêve de Jack London était de faire le tour du monde en voilier. Le rêve après une vie dure dès l’enfance. Une vie faite d’aventures, de bagarres, d’alcool… En 1907, à bord du Snark, un voilier qu’ils se sont fait construire, le rêve se réalise. Jack London embarque sur le voilier, avec la belle Charmian, sa seconde épouse, également écrivaine. Ils étaient prêts à partir pour des années, le voyage s’interrompt au bout de vingt mois. Le voyage n’aura pas été inutile: Jack London en écrivant “Martin Eden” a plongé en lui-même.
Comme un frère jumeau de l’auteur, Martin Eden laisse exploser ses joies et ses espoirs, ses colères, ses terreurs et ses chagrins. L’adaptation de Véronique Boutonnet, dans une mise en scène de Richard Arselin, joue sur une sorte d’écho entre les personnages du roman et la réalité du voyage de Jack et de Charmian London. Aux côtés de Frank Etenna qui joue le rôle de Martin Eden et de Jack London, Véronique Boutonnet est Ruth la femme de Martin Eden et Charmian, l’épouse de London. A leurs côtés sur le Snark, Johnson ( Luca Lomazzi) se prépare à une grande vie d’aventurier et avale tout ce qui lui tombe sous la main pour y parvenir. Face à lui et dans l’ombre du couple, Nakata (Olivier Deville) cuisine, mitonne des petits plats, chante et joue des airs de l’Amérique lointaine.

Une mise en scène et une scénographie dépouillées
D’un côté, Martin Eden et Ruth, sa compagne qui remet en question le désir d’écrire de Martin, qui lui impose sans arrêt les contraintes d’une vie matérielle difficile. L’autre couple est celui de Jack London et de sa femme Charmian, en voyage dans les mers du Sud. Charmian, auteure comme son mari, le soutient dans la construction et l’écriture de son roman “Martin Eden”. Véronique Boutonnet est précise dans cette intention quand elle affirme qu’elle ne veut pas “juste raconter et adapter Martin Eden, mais raconter ce voyage dans les îles du Pacifique comme un voyage intime dans la création.” Suivant les mouvements de la mer et la vie sur le bateau induits par le jeu des comédiens, l’écriture finit par constituer une partie du voyage en mer.
La mise en scène de Richard Arselin joue avec les mots, les sons et la musique. D’un côté, il nous fait entendre le vent et les déferlantes de la mer, de l’autre, il crée les mouvements sur le bateau. Pour lier les deux, il suit les mots jetés par-dessus bord qui construisent l’histoire de Martin Eden tout en nous racontant les angoisses de l’écrivain Jack London en pleine création. Même si l’écriture et la mise en scène assez complexes des deux couples sont parfois difficiles à saisir, la scénographie dépouillée nous transporte vers un voyage mythique qui nous plonge à la fois dans l’imaginaire du roman et la réalité de son écriture . La compagnie des Âmes Libres gagne un pari bien plus ambitieux que la simple adaptation et mise en scène de ce roman magnifique de Jack London.
Avec eux, transportés par leur enthousiasme et leur créativité, le voyage dans les mers du Sud de Jack et de Charmian London devient celui de la création dans l’intimité d’une œuvre, au pays d’un écrivain qui “met sa peau sur la table”.


Martin Eden -D’après Jack London
Écriture du spectacle : Véronique Boutonnet
Mise en scène & Lumières : Richard Arselin
- Musique : Franck Etenna
- Costumes : Les Vertugadins
Avec: Franck Etenna, Luca Lomazzi, Véronique Boutonnet, Olivier Deville
Durée : 1 H 15
Du 28 janvier au 9 Avril – Vendredis et Samedis à 21h15
Essaïon Théâtre/ 6 Rue Pierre au lard– 75004 Paris