L’Incivile

Texte  : Lauren Houda Hussein

Mise en scène : Ido Shaked

Théâtre Majâz

2012: Avec “Les optimistes”, ils traitent de la question des Palestiniens expulsés de Palestine en 1948. 
2016: Ils jouent “Eichmann à Jérusalem”.
Leur point commun : leur rencontre à l’école de théâtre internationale de Jacques Lecocq. En créant le Théâtre Majâz, la comédienne et autrice franco-libanaise Lauren Houda Hussein et le metteur en scène israélien Ido Shaked ont pour ambition de bousculer et d’interroger le monde chahuté dans lequel nous vivons.  
2021 : Dans un lycée de France,la question du voile. 
C’est “L’incivile”, un spectacle d’une grande force théâtrale.

De nos jours, Antigone toujours

Nour Belkacem (Anissa Daaou) est une excellente élève de terminale, choisie pour interpréter le rôle d ’Antigone par son professeur de français (Arthur Viadieu). Celui-ci anime un atelier de théâtre qui a pour thème “Les Antigone de nos jours”. La jeune fille se passionne pour le rôle et pour répéter, récite des extraits d’Antigone débout sur un banc, dans la cour du lycée et devant ses camarades. Elle le fait en revêtant un voile. Des vidéos circulent sur les réseaux sociaux, une chaîne de télé s’intéresse à l’évènement. Il n’en faut pas plus pour que la proviseure réagisse en convoquant un conseil de discipline…

Il ne s’agit pas ici d’un spectacle sur le voile mais la tentative de mettre en lumière les rapports sociaux complexes qui surgissent entre les individus, lorsqu’il en est question. De quelle façon parvenir à régler ce problème de “fichu sur la tête” comme le présente un des professeurs ? Comment respecter l’obligation de la laïcité à l’école et de l’appartenance religieuse et des coutumes familiales ? Comment répondre à la question de l’intégration et laisser parler les imaginaires des cultures d’origine ? Quel que soit le sujet, le théâtre Majâz ne s’en empare jamais d’une façon théorique et démonstrative. Leur priorité reste le théâtre de l’écriture à la mise en scène en passant par le jeu des acteurs.  

Simplicité scénographique et facettes multiples du jeu

Une dizaine de chaises, quelques tables et quelques accessoires suffisent à planter le cadre. Salle du conseil de discipline, salle des professeurs, bureau de la proviseure, appartement d’un personnage ou d’un autre, les scènes s’entrecroisent lors de changements très précis et très rapides. Dès la mise en place, les comédiens qui jouent souvent plusieurs personnages se transforment et changent simultanément leur jeu alors que le texte indique de nouvelles orientations, de nouvelles émotions. Chaque modification induit des multitudes d’interrogations, de points de vues différents ou des doutes. Le geste de Nour devient le révélateur du dilemme intime posé à chaque participant. Pourquoi le voile utilisé sur une scène et pour un personnage de théâtre devient-il une incivilité punie par la loi ? De quelle façon vivre le religieux dans une société laïque ? Comment établir la continuité de la transmission familiale dans une société qui privilégie la compatibilité et le consensus inter religieux ? Ni Lauren Houda Hussein, ni Ido Shaked ne tentent d’épuiser la complexité du sujet. L’écriture de l’une et la mise en scène de l’autre projettent une lumière crue sur toutes les questions, ouvre des possibilités de réponses mais ne disent en aucun cas quelle est la bonne solution. Le personnage d’Antigone remet le théâtre au centre du questionnement. L’énergie magnifique de ce groupe de comédiens – pour les non-cités : Charlotte Andrès, Laurent Barbot, Lauren Houda Hussein, Dan Kostenbaumm et Noémie Zurletti –  met en valeur, d’une part, chaque hésitation, chaque colère, chaque incompréhension, et d’autre part, l’humour et la légèreté. 

Nour est ici une Antigone joueuse et tendre qui a emprunté le voile de sa grand-mère, celui qu’elle préfère, avant de se faire arrêter devant tout le monde, ce qui a conduit à la sanction d’un conseil de discipline qui entraînera le déchirement et la tragédie. D’hier à aujourd’hui, Antigone reste ce personnage central des questions sans réponse et des transgressions justes, avec malheureusement pour seule solution une issue fatale. Pleine d’émotion et de tendresse, « L’Incivile » ajoute une pierre à l’édifice de la réflexion.  

L’Incivile

Texte  : Lauren Houda Hussein

Mise en scène : Ido Shaked

Avec la complicité des comédiens

Avec : Charlotte Andrès, Laurent Barbot, Anissa Daaou, Lauren Houda Hussein, Dan Kostenbaum, Arthur Viadieu et Noémie Zurletti  


Du 7 au  18 Décembre 2021 –  Du mardi au Samedi à 19 h – Dimanche 12 Décembre à 15 h 30 

Durée : 1 h 20

Théâtre Le Grand Parquet  (Paris-Villette)

35 rue d’Aubervilliers 75018 Paris – M° : Stalingrad (L. 2) 

  • Tournée 2021-2022 
  • 12 et 13 Janvier 2022 – L’Azimut Antony, Châtenay-Malabry 
  • 20 Janvier 2022 – Scène Nationale D’Aubusson – Théâtre Jean Lurçat  
  • 17 Mai 2022 – Théâtre de Charleville Mézières 
Retour en haut
Tweetez
Partagez