
Les filles du Saint Laurent
Texte : Rébecca Déraspe
En collaboration avec Annick Lefebvre
Mise en scène : Alexia Bürger
Jouée par neuf femmes et un homme, “Les filles du Saint Laurent”, est une pièce québécoise, écrite par Rébecca Déraspe, en collaboration avec Annick Lefebvre et mise en scène par Alexia Bürger. Une pièce forte qui unit la géographie puissante du pays et l’intimité fragile des humains qui l’habitent.
“Le chemin qui marche…”
Porte d’entrée du continent nord-américain, le Saint Laurent s’étend sur près de 1200 kilomètres. Dans leur langue, les populations amérindiennes lui ont donné le nom de “ chemin qui marche”. Les vagues sont particulièrement violentes ce soir. De Côteau-du-Lac à Blanc-Sablon, le fleuve Saint Laurent lutte avec des rafales qui ne laisseront personne indemne. Sept cadavres sont recrachés sur les berges d’un territoire aussi vaste que troublant. Sept corps non-identifiés. Au détour d’une marche, d’un jogging ou d’un baiser, Élodie, Rose, Dora, Charlotte, Martin, Lili, Mathilde, Manon et Anne vont croiser ces morts rejetés par les eaux…
“Ça commence avec un silence…Le vent …”
Sur Le plateau vide du théâtre de La Colline ce sont les premières phrases qui ouvrent la pièce. C’est le fleuve Saint Laurent qui parle . Dits par la voix profonde de la comédienne Elkhana Talbi, les mots du fleuve s’envolent, se font murmures ou cris de colère, révélant les histoires secrètes cachées au fond des eaux ou soutenant celles portées par les humains qui vivent sur ses rives. Dans une grande poésie, soutenus par une chorégraphie qui naît du mouvement des comédiens sur le plateau, les mots sont jetés ou s’enchaînent, se répondent ou s’envolent, renaissent et prennent vie pour raconter la construction et la dé-construction…
“Construire, défaire, construire encore, prendre violence…” Ici le fleuve parle, exprime ses sentiments, fait des choix tout en étant le miroir, le confident des gens qui se sont installés sur ses rives. Sur le plateau, les mots du fleuve font écho aux histoires intimes des humains, à des actes qui mettent en place leur vie ou leur survie. Dans un jeu précis, basé sur la choralité des comédiens, la parole se déploie et fait naître un mouvement continu sur le plateau. Le ressac des mots du Fleuve ouvre sur l’intimité des vies des neuf femmes et de l’homme qui vivent dans des villes différentes sur ses rives. L’écriture comme la mise en scène s’accrochent aux vertiges des profondeurs du fleuve. L’élément liquide qui délimite la géographie trouve son pendant dans les liquides qui constituent le corps humain: les larmes, l’eau de l’utérus qui protège l’enfant, le sperme…Partant du Saint Laurent en mouvement, les deux autrices lient l’histoire de ces femmes et de l’homme coincés dans l’ordinaire de leurs vies. Le rejet des cadavres par le fleuve introduit l’extraordinaire et permet la prise de conscience qui viendra secouer les inerties et remettre en route les vivants.
De la géographie à l’intime des humains
La mise en scène se sert de cette poésie pour proposer le mouvement dans la mise en jeu des comédiens. Le rythme se ralentit ou s’accélère imposant au groupe une respiration commune qui ouvre vers le large et fait résonner l’intime dans le collectif. Portées par un jeu choral qui implique à la fois de la rigueur et une écoute totale, les neuf magnifiques comédiennes de génération différente et le seul homme finissent par unifier la géographie et les territoires intimes de leur existence. Toutes les femmes (et l’homme ?) deviennent les filles du Saint Laurent, potentielles de vie et de créativité. Autour de la figure centrale du fleuve, surgit la respiration commune des humains. Les paroles se sont imbriquées, les morts surgis des profondeurs du fleuve, en s’intégrant dans la réalité des vivants, ont enfin réveillé “le bruissement saisissant de la vie”.
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Les Filles du Saint-Laurent
Texte: Rébecca Déraspe
en collaboration avec Annick Lefebvre
Mise en scène : Alexia Bürger
Avec : Annie Darisse, Marie-Thérèse Fortin, Ariel Ifergan, Louise Laprade, Gabrielle Lessard, Marie-Ève Milot, Émilie Monnet, Elkahna Talbi , Catherine Trudeau, Tatiana Zinga Botao
Assistanat à la mise en scène : Stéphanie Capistran-Lalonde
Scénographie: Simon Guilbault
Costumes : Julie Charland assistée d’Yso
Lumières : Marc Parent
Musique: Philippe Brault
Maquillages et coiffures: Angelo Barsetti
Conseil au mouvement : Wynn Holmes
Durée estimée 2 h
Du 4 au 21 novembre 2021
du mercredi au samedi à 20h
le mardi à 19h et le dimanche à 16h
Création au THÉÂTRE DE LA COLLINE – 15 rue Malte Brun 75020 – Paris
TOURNÉE
Du 18 Janvier au 12 Février 2022 – Centre du Théâtre d’Aujourd’hui – Montréal – Canada