Je pars sans moi - thgéâtre

Je pars sans moi

Conception et Mise en scène : Isabelle Lafon

Théâtre de La Colline. Petite salle. la comédienne, autrice et metteure en scène, Isabelle Lafon  poursuit son "artisanat théâtral" et sa collaboration avec La Colline où elle a créé "Les Insoumises" et  "Vues Lumières", ses spectacles précédents. “Je pars sans moi”, sa dernière création, nous invite à ouvrir des portes intérieures pour accueillir des femmes et des enfants différents  enfermés dans des hôpitaux psychiatriques.  Avec cette pièce, Isabelle Lafon et la comédienne Johanna Korthal Altes tissent le fil de nos « folies » singulières, de nos voix intérieures pour tenter d’approcher ces moments de désarrois mentaux plus ou moins aigus, plus ou moins longs, susceptibles de tous nous concerner. Un spectacle tout en délicatesse respectueuse et d’une sensibilité extrême. 

Je pars sans moi…

En bordure de plateau, elles sont deux, fragiles et interrogatives. La parole se cherche, hésite. Les mots s’étirent, se répètent, trébuchent comme surgis d’eux-mêmes…Une porte blanche posée sur le plateau, au milieu de nulle part, un tabouret, une lumière tamisée…et le public s’envole avec l’imaginaire des comédiennes qui racontent… 
Je pars sans moi, nous prévient l’autrice. Qui est ce moi ? Où partir sans lui ? Avec qui peut être ? Dans son écriture, la règle principale d’Isabelle Lafon consiste à laisser s’exprimer “le minoritaire”. La scène est un espace de liberté, celui d’une parole féminine qui, d’une pièce à l’autre est en quête d’elle même et d’un ailleurs. La parole s’y déploie avec fragilité et dans l’urgence. Ici s’exprime celle de femmes enfermées dans ce que l’on nomme asile d’aliénés.
Extraits de la revue L’Encéphale sous le titre « Impressions d’une hallucinée », la première approche s’ouvre à travers les mots d’une femme internée en 1882 à Sainte-Anne. Puis, il y a Mademoiselle M., une femme élégante qui entend des voix et qui n’a presque pas eu le temps de faire une petite valise, avant d’être amenée dans un asile. Madame Babatte aussi, une couturière mariée de force, follement amoureuse d’un prêtre, et qui ne recule devant rien, pour être à ses genoux, pour enfin toucher son fruit défendu. Il y a aussi la petite Madeleine qui, croisée au bois de Vincennes, voit le monde autrement, à travers le prisme de son incapacité à croire en la méchanceté et en la bêtise de l’être humain. Le thème de l’aliénation se retrouve encore à travers les écrits de François Tosquelles, psychiatre espagnol, qui a toujours cru que l’enfermement n’était pas la solution.

Je pars sans moi - thgéâtre
© Laurent Scheegans

Les souffles de la folie

En nous menant aux frontières du désarroi mental, Isabelle Lafon nous dirige, vers ce qui peut tous nous toucher, nous traverser de façon plus ou moins aiguë ou prolongée. Portée par le désir de créer des liens entre des univers opposés, son écriture fait entendre des paroles de femmes, mais aussi d’enfants aliénés, de soignants, de psychiatres qui essaient d’accompagner en évitant la brutalité de l’enfermement .
Les mots sortis d’un cerveau en déshérence font écho aux contes racontés dans l’enfance par un Papou plein d’imagination. Ici la parole, en apparence désordonnée, devient poésie et se fait même prolongement de celle de l’auteure qui écrit son texte de théâtre, orientant la dramaturgie, créant les personnages et les situations de sa pièce. Traversant ces vies contrariées et se les appropriant, Isabelle Lafon et Johanna Korthals Altes, toutes deux comédiennes de la pièce, tour à tour hésitantes, habitées, fatales, enfantines sont toutes ces personnes, ces folles, ces aliénées, ces heureuses qui ont vécu mille vies, ont raconté leur histoire avec leurs mots , ont donné mille couleurs à leur existence morose et difficile.
“ Enfant, Je voulais réconcilier la littérature et la vie”, souligne Isabelle Lafon. Ici le théâtre prolonge les situations dans l’hôpital, à travers la création d’un langage porté par l’imagination de personnes en marge et qui, pourtant, parlent de nous, de nos espoirs et de nos déceptions. Isabelle Lafon nous piège dans ses mots et nous entraîne avec une grâce infinie vers des limites et des horizons insoupçonnés. C’est tout simplement sublime. Lorsqu’à la fin, la porte, qui, depuis le début de la pièce, symbolise l’espace fermé de l’hôpital psychiatrique, est supprimée, les mondes se rapprochent, les limites et la banalité du quotidien explosent, créant un réel moment de grâce d’une rare délicatesse.



Jamais plus

Histoire inspirée de faits réels

Texte et mise en scène : Geoffrey Lopez


Interprétation :Antoine Fichaux

  • Musiques : Brice Vincent
  • Lumières : Felipe Gomes Almeida
  • Costumes : Patricia de Fenoyl

Durée estimée : 1 h 20


À partir du 15 Décembre 2022 –
Du Jeudi au Samedi : 20 h – Dimanche : 17 h

Théâtre des Variétés –– Petite Salle- 7 Boulevard Montmartre – 75 002- Paris


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