Je m’en vais mais l’État demeure

Texte & Mise en scène: Hugues Duchêne

Si vous aimez les pièces avec un début, une fin claire et des scènes qui déroulent une histoire classique, il n’est pas sûr que la pièce d’Hugues Duchêne et de ses acolytes du Royal Velours retienne votre attention. Mais si vous aimez les inventions dans le déroulé des actions, le jeu débridé d’acteurs qui, en une seconde, changent de personnage, dansent dans une boîte de nuit, puis rencontrent le Président de la République, ne ratez pas “Je m’en vais, mais l’État demeure”, une pièce drôle d’une grande acuité philosophique et politique.   

Un démocrate – Mise en scène Avignon 2022

De la politique française et de l’histoire contemporaine

Hugues souhaite un bon anniversaire à son petit neveu âgé de trois ans. Grande décision: le tonton attentionné va essayer de transmettre à ce petit garçon innocent ce qu’il comprend de la société dans laquelle l’enfant est destiné à vivre. Sous la houlette d’Hugues Duchêne qui écrit le texte et met en scène ses anciens camarades de l’Académie de la Comédie Française avec qui il a fondé la compagnie du Royal Velours, nous voilà embarqués dans une drôle d’aventure avec “Je m’en vais mais l’État demeure”. Tout un programme ! Le texte basé sur la réalité de la politique française, de l’histoire contemporaine et sur des anecdotes personnelles ou intimes est une fiction qui se rapproche du théâtre documentaire, mais qui fait éclater les cadres du récit et bouscule les faits et les évènements cul par-dessus tête.  

La pièce commence en 2016 avec la candidature d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et se présente comme les six épisodes d’un feuilleton de 1h10 chacun. 2017. Macron est élu, le petit neveu grandit, le tonton joue au théâtre, écrit et peu à peu s’investit dans la mise en scène. Il rencontre Jean Michel Ribes, le metteur en scène et directeur du Théâtre du Rond Point, s’interroge sur ses amitiés et fait la fête avec ses copains. Le quinquennat d’Emmanuel Macron devient le fond qui sert d’écrin aux évènements  politiques et sociaux de la France : la crise des gilets jaunes, la jungle de Calais et les migrations, le scandale politique des postes fictifs de Pénélope Fillon, les procès de Merah… Les années se succèdent et le dernier épisode marque la fin du quinquennat dans tout son mystère quant à la suite.

De la vérité des évènements vus par le petit bout de la lorgnette !

Les évènements sont rapportés dans toute leur réalité, mais l’approche se fait par le petit bout d’une lorgnette qui s’attache aux détails, qui annonce les mensonges et les coups tordus d’une politique qui devient un jeu de chaises musicales ou de coups de pied de l’âne. Se trouvent ainsi soulignés les non-dits, les chausse-trapes du politique et les scandales qui vont bientôt surgir comme l’affaire Benalla ou celle de Benjamin Grivaux. En parallèle de cette perspective sociale et politique, se déroulent les découvertes et les rencontres des jeunes comédiens à travers leur formation théâtrale et leur avenir professionnel, sans oublier les fêtes entre copains. 

Changeant à vue et en quelques secondes de rôle, de costumes et de point de vue les sept excellents comédiens, dans un jeu à la fois spontané, subtil et très précis, à vue, mais totalement discrets, passent de l’intime au politique. Déterminant les éléments moteurs de chaque épisode de la pièce, se dessinent les vérités cachées qui ne manqueront pas de faire exploser les scandales, s’infléchissent les décisions professionnelles des comédiens en cours de formation.

Dans la présentation de son projet, Hugues Duchêne souligne précisément qu’il “traiterait de l’actualité et de l’évolution politique du pays. Entre la petite chronique et la grande fresque contemporaine, entre ma vie intime et celle du pays”. L’écriture tout en finesse souligne les détails, met l’accent sur l’absurde et l’incongruité de certaines situations. Ces orientations d’écriture s’appuient aussi sur la précision d’une mise en scène qui se construit sur un plateau vide – quelques chaises, un piano, une batterie, des costumes disposés à vue sur des cintres.  Au sortir de ce tohu-bohu, de cette farandole d’idées, de propos percutants, que l’on retrouve construits avec la même précision d’un épisode à l’autre, ressort l’intelligence, la verve, l’humour décalé et parfois la tendresse sous-jacente d’un texte qui souligne aussi nos interrogations et nos incertitudes. “Pour moi, conclut Hugues Duchêne, le théâtre c’est de la pulsion de vie en boîte” tout en soulignant que la formule avait beaucoup plu à Jean-Michel (Ribes bien sûr !). 

Alors bien sûr, la France périphérique se débat, le Rassemblement National nous énerve, nous enthousiasme ou nous fait peur, la jungle de Calais se délite, on est content d’avoir été à côté du mec qui filmait Macron à la Comédie Française… on finit tous par partir, mais l’État demeure affirment Hugues Duchêne et ses acolytes du Royal Velours et après tout n’est-ce pas le plus important ? 

Je m’en vais mais l’État demeure

Écriture, conception et mise en scène : Hugues Duchêne
 

  • Collaboration artistique : Gabriel Tur et Pierre Martin
  • Assistant à la mise en scène : Victor Guillemot
  • Video : Pierre Martin
  • Lumière : Hugo Dardelet
  • Costumes : Sophie Grosjean et Julie Camus
  • Régie Générale : Scardo Régie

Avec : Pénélope Avril en alternance avec Juliette Damy, Vanessa Bile-Audouard, Théo Comby-Lemaître, Marianna Granci, Laurent Robert, Gabriel Tur en alternance avec Robin Goupil

Durée : 1 h 10 par épisode/ 8 h en intégrale avec entractes (6 épisodes)  

Du Mardi 7 au Dimanche 26 Juin 2022

Théâtre 13- Glacière  – 103 Bd Blanqui – 75 013 Paris

TOURNÉE

Le 2 juillet 2022 :  Festival Malaze – Annecy (74)

Le 27 août 2022 : Festival Pampa – Sainte-Foy-la-Grande (33)

2022-2023

Le 24 septembre 2022 :  La Condition Publique – Roubaix (59)

Du 19 au 22 octobre 2022 – Théâtre Universitaire de Nantes (44)


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