Théâtre - “Du bonheur de donner” avec Ariane Ascaride - Théâtre Le Lucernaire-Paris

Du bonheur de donner
Textes et poèmes de Bertolt Brecht

On se souvient de sa générosité dans "Marius et Jeanette” , le film de Robert Guédiguian.  Comédienne très reconnue au cinéma, la carrière d’ Ariane Ascaride a pourtant commencé au théâtre. Elle revient ici pour un seule en scène au théâtre du Lucernaire à Paris, accompagnée de David Venitucci, un accordéoniste des plus inventifs qui lui donne la réplique en musique. Elle retrouve Bertolt Brecht, un auteur découvert au Conservatoire, grâce au metteur en scène Marcel Bluwal, à qui le spectacle est dédié. “Du bonheur de donner”, un titre des plus éloquents pour redécouvrir la bienveillance, l’humour cruel et le sens du spectacle de l’auteur allemand devenu désormais un classique. 
Théâtre - “Du bonheur de donner” avec Ariane Ascaride - Théâtre Le Lucernaire-Paris
Le bonheur de donner

Des temps bien étranges

“Le théâtre est capable de faire de la dialectique une jouissance”. Dès les premiers mots dits avec un grand sourire, Ariane Ascaride, assise sur un tabouret de comptoir, nous promène dans la pensée “épique” de Brecht et dans plusieurs de ses poèmes de jeunesse. Face à elle, ponctuant la poésie ou la dureté du texte, l’accordéoniste David Venitucci, au-delàdes chansons qui viendront ponctuer le texte, crée avec son instrument des sons légers comme l’air, fait entendre les vagues de la mer, des martèlements ou des mouvements semblables à ceux de la respiration. Aucune mise en scène, un micro et juste le texte porté par la voix de la comédienne qui dit la drôlerie, qui raconte l’histoire de “la putain” Evelyn Roe ou celle de la mère infanticide. Les mots parlés ou chantés racontent ce monde injuste dans lequel il est si difficile de résister. Aucune forfanterie, ni exagération pour dire les textes, juste le plaisir de trouver le rythme, de s’appuyer sur le sens et la musique des mots pour les faire entendre. À côté de textes parfois durs surgit aussi l’évocation des petites choses du quotidien: le plaisir du livre retrouvé ou celui du premier regard par la fenêtre le matin. Le son mélodieux de l’accordéon devient alors porteur de l’émotion qui surgit des images.

Dans ce face à face direct avec le public, le jeu d’ Ariane Ascaride reste d’une totale sobriété. Portée juste par les mots du texte, la distance se crée, rappelant cette volonté de l’auteur qui demande à l’acteur de se dissocier de son personnage afin de permettre au spectateur de rester critique. La rupture apparaît alors dans les récits. On parle de théâtre, des expulsions du pays, de cette nécessité à ne pas renoncer à ses droits pour exister.
Loin de rester statique, le jeu de la comédienne se base sur une grande générosité des gestes, de la voix qui hésite parfois entre le parlé et le chanté, qui colle aux rythmes de l’accordéon avec colère ou sensualité.

“Rien n’est jamais figé dans cette mise en abyme du théâtre, dont l’enjeu a toujours été de divertir et d’instruire selon Brecht” est-il rappelé dans la présentation du spectacle. Il y a un don et un bonheur total comme l’évoque le titre du texte, dans le dialogue entre le jeu de la comédienne et le musicien qui compose presque en direct.
Entre murmures et coups de gueule, Ariane Ascaride raconte, dit, porte la parole de l’auteur pour faire entendre celle de ceux qui ne l’ont pas. En entendant parfois certains poèmes de Brecht, on peut les trouver démodés ou désuets. Pourtant, ils continuent à exprimer une profondeur qui ne se dément pas. Continuant à jouer sur la distanciation souhaitée par leur auteur, ils encouragent à “ [rester] bon et juste dans un monde qui ne l’est pas”.



Du bonheur de donner

Textes et poèmes de: Bertolt Brecht
En Hommage À Marcel Bluwal


Interprétation : Ariane Ascaride
Musicien : David Venitucci
Collaboration Artistique : Patrick Bonnel

Durée estimée : 1 h 15


Du 11 Janvier au 5 mars 2023 – Du mardi au samedi : 19 h – Dimanche: 16 h

Théâtre Le Lucernaire – 53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris


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