Conseil de classe
Texte, Mise en scène et Jeu : Geoffrey Rouge-Carrassat
En enseignant dans des collèges et des lycées de la banlieue parisienne, Geoffrey Rouge-Carrassat s’est interrogé sur le métier d’enseignant. Ce qu’il se passe dans la cage thoracique d’un professeur face à trente élèves, ce qu’il en dit et ce qu’il met en scène est essentiellement basé sur son expérience d’acteur, d’écrivain et de metteur en scène. “Conseil de classe” fait partie d’un triptyque, “La gueule ouverte”. Tout un programme !…
La salle de classe ? Une piste de cirque !
Un professeur est seul dans une salle de classe. À l’abri des regards et des oreilles, c’est l’occasion pour lui de dire à ses élèves ce qu’on ne se risque jamais à leur dire…Geoffrey Rouge-Carrassat qui est comédien en tout premier lieu est ici également l’auteur et le metteur en scène de “Conseil de classe”, un spectacle qui joue sur la dérision et la tendresse, sur l’exaspération des propos qu’un enseignant ne peut pas tenir et sur ses frustrations. Filant avec poésie la métaphore, le professeur se transforme en dompteur de fauves. La salle de classe devient un chapiteau de cirque avec ses cages en équilibre pour inciter les bêtes à accomplir leurs tours. Ce qui n’exclut pas les risques encourus par le dompteur dans son envie de sévir et de dominer.
“J’attendais que tous les élèves soient sortis, raconte l’acteur-auteur, je refermais la porte derrière eux, j’allumais mon dictaphone, et je racontais ce que je venais de vivre. Parfois même, je rejouais certaines situations auxquelles je n’avais pas su répondre – par manque de répartie, de recul, de courage ou parce que le règlement intérieur ne me le permettait pas – et j’inventais alors ce que j’aurais pu dire”.
Apprivoiser la bête : une écriture éruptive et un jeu précis
Geoffrey Rouge-Carrassat est avant tout un acteur. Son sens du plateau et son jeu précis est mis ici au service d’une écriture éruptive, surprenante et pleine de tendresse. La voix monte, se fait murmure ou explose pour exprimer le mal être du professeur face à l’institution, face aux enfants à encourager ou à canaliser quand ils dépassent les bornes. Le plateau, représentant l’espace classique d’une salle de classe au début de la pièce, s’organise peu à peu en une sorte d’arène où les tables mises en équilibre sur des chaises menacent de tomber. Ce désordre apparent transforme la scène en un espace à la fois dangereux et plein de ressources pour un jeu imaginatif, où le rapport au public ne se perd jamais. L’écrivain possède la même exigence. Le rythme du texte colle au jeu du comédien qui, à travers le claquement des mots, accompagnés à un moment par un fouet de dompteur, disent les peurs, les colères inexprimées qui finissent par bloquer le souffle.
“Enfermé” dans une sorte de caisse composée des tables et des chaises empilées, surgit à la fin de la pièce, une sorte de “monstre” de science-fiction qui éructe en hurlant des noms d’animaux : le professeur-dompteur qui a pété un câble. “Conseil de classe” est le premier volet d’un triptyque intitulé “La grande gueule”, “Roi du silence”, le second volet, raconte le silence gardé autour de l’homosexualité alors que le dernier volet du triptyque, “Dépôt de bilan” fait état de l’addiction au travail. Geoffrey Rouge-Carrassat est un acteur passionnant qui vit chaque mot. Ces trois textes autobiographiques, issus de son besoin de raconter, n’ont rien de narcissique et nous emportent vers la poésie, la tendresse et un humour ravageur.
TRIPTYQUE LA GUEULE OUVERTE
Texte, mise en scène et jeu : Geoffrey Rouge-Carrassat
- Lumières : Emma Schler
Du 1er au 17 décembre, du mercredi au vendredi à 19h
CONSEIL DE CLASSE, les mercredis à 19h : mercredi 1, mercredi 8, mercredi 15 décembre
ROI DU SILENCE, les jeudis à 19h : jeudi 2, jeudi 9, jeudi 16 décembre
DÉPÔT DE BILAN, les vendredis à 19h : vendredi 3, vendredi 10, vendredi 17 décembre
Le triptyque (4h avec entracte) : CONSEIL DE CLASSE puis ROI DU SILENCE puis DÉPÔT DE BILAN :
Les samedis 4, 11 et 18 décembre à 16h et les mercredi 22 et jeudi 23 à 16h
Durée de chaque pièce : 1 h 10 environ
Théâtre Les Déchargeurs – Salle Vicky Messica
3 rue des Déchargeurs – Paris 1er – M° : Châtelet