Né le 29 mai 1964, cette année, en Mai 2024, le Théâtre du Soleil aura 60 ans ! Et toujours là ! Porté par la créativité, l’imagination et l’enthousiasme …Fondé par dix étudiants, le Théâtre du Soleil s’est d’emblée organisé comme une SCOP, où droits et devoirs sont les mêmes pour tous, quelle que soit sa fonction.

Théâtre du Soleil, une maison-théâtre…

Le temps passe, c’est indéniable, mais malgré ses soixante ans, le Théâtre du Soleil continue de nous faire rêver, ouvrant encore et toujours de nouveaux espaces au théâtre…Et ce soleil continuerait-il à briller sans l’opiniâtreté d’Ariane Mnouchkine, le pilier d’une institution toujours ouverte à l’imagination pour raconter le monde avec ses horreurs, mais aussi ses points d’ancrage porteurs d’espoirs. En arrivant au Théâtre du Soleil, dans cet espace magnifique qu’est la Cartoucherie de Vincennes, ce qui frappe avant tout c’est l’accueil. Chaque spectateur est accueilli par des membres du Théâtre du Soleil quelle que soit sa fonction dans le théâtre. Les spectateurs sont souvent accueillis aussi par Ariane Mnouchkine à l’entrée de ce hall immense où règne l’effervescence des débuts de spectacle. Ce sont les comédiens eux-mêmes qui servent au bar et organisent les rencontres. Le public accède à un univers où chaque membre de la troupe crée un espace de bien être et prend soin de lui.

Le Théâtre du Soleil, un espace de résistance…

Le Théâtre au Soleil est un théâtre choral porté par chaque membre quelle que soit sa fonction. Les propositions artistiques sont portées, non dans une force volontariste, mais comme un chemin à suivre vers des ouvertures qui conduisent à l’optimisme et ce, quels que soient les obstacles. “Nous avons besoin au théâtre d’une transformation, d’un plus, de quelque chose qui soit plus vivant que la vie” affirme Mnouchkine. De “1789” , une des premières pièces à “Une chambre en Inde”, un des derniers spectacles la plupart s’accrochent à l’Histoire, s’enracinent dans le monde, et partent à sa découverte. Résister est à la base du travail de chacun à partir d’un théâtre qui s’enracine dans les mondes d’hier à aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs. Il y a les plus anciens, présents depuis 1979, comme Guy-Claude François, le scénographe ou Jean-Jacques Lemêtre le musicien qui joue en direct la musique qui structure les mises en scène. Puis est arrivée Hélène Cixous pour l’écriture des pièces et bien d’autres qui oeuvrent dans l’ombre à l’administration et à la production des spectacles. Et puis les plus visibles sur la scène, les comédiens qui portent le jeu choral sur le plateau. Improvisations, travail approfondi d’un jeu de l’acteur renouvelé avec l’apport des traditions théâtrales orientales ou le port des masques de la Comedia Dell’arte.

…et une direction artistique

La direction artistique ? Une esthétique non réaliste, non psychologique et une attention à la forme en fonction de chaque pièce. De 1789 et 1793, des Atrides aux pièces de Shakespeare, de L’Indiade à “Tambours sur la digue”, le théâtre de Mnouchkine s’attaque toujours à la démesure du monde. L’acteur, au Théâtre du Soleil, s’accomplit moins individuellement qu’en groupe. “La pratique chorale déjà évoquée atteint à son paroxysme dans les instants où, réunis, les acteurs se précipitent pour envahir le plateau comme une citadelle à prendre ou le quittent en le vidant de leur exubérante effervescence”.
 Des hauts et des bas, le Théâtre du Soleil en a, bien sûr, connu depuis 60 ans. Pourtant, entre rêves et “visitations”, dans ce théâtre se trouve convoqué le monde, mais aussi Shakespeare et Tchéckov. Certaines pièces suggèrent parfois le drame, mais de la catastrophe et du tragique jaillit aussi la dimension d’un comique irrévérencieux et assumé. Et l’émotion n’en est que plus forte. Ce théâtre-là est décidément bien grand car il parle à notre cœur comme une force revitalisante qui englobe la représentation et le public « combat les désespoirs et la destruction pour garder vivants les sentiments humains et la tendresse ». Mnouchkine s’est affirmée depuis toujours attirée par l’Histoire, mais, finalement, son Théâtre du Soleil a basculé du côté de la légende avec tout ce que celle-ci comporte comme immémorial et onirique.